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L’intervention

Épisode 03
Il y a forcément un moment où il faut passer par l’intervention chirurgicale. Il est temps de démystifier le processus et ses sensations.
L’intention de ce podcast est d’éveiller (ou réveiller) en vous des questions. Afin de permettre une accessibilité et une inclusivité maximales, vous trouverez ci dessous l’intégralité du script de l’épisode. Même si je vous invite évidemment à l’écouter si possible.
Toute reproduction interdite - Podcast sur la vasectomie

Transcription de l'épisode

Avant :

19 août 2019, 13:30, ça y est, c’est le jour de l’intervention.

Une semaine plus tôt, j’ai reçu un appel de l’urologue que j’avais rencontré pour m’expliquer qu’il ne serait pas disponible aujourd’hui, et que j’avais donc soit la possibilité de reporter l’intervention de deux mois ou la confier à une de ses collègues. Il a bien mis en évidence qu’il s’agissait d’une femme pour éviter tout malaise au dernier moment, j’imagine, mais n’y voyant aucun inconvénient j’ai gardé la date initiale. Je la rencontrerais donc au bloc.

J’avais pris les devants et je me suis rasé moi-même. On allait manipuler assez d’objets tranchants dans ce coin de mon anatomie ce jour-là, j’avais envie de faire ça bien, proprement, au calme et de ne pas déléguer cette tâche au personnel infirmier.

Je ne me sentais pas particulièrement stressé. Je me suis senti très rassuré par la consultation initiale et ce sentiment m’avait accompagné depuis.

J’avais décidé de porter mon t-shirt “Best dad ever” pour l’ironie de la situation, même si je doutais que quelqu’un le remarque.

Après :

16:30, je sors de l’hôpital. L’intervention s’est très bien déroulée, il n’y a eu aucun problème. J’ai été emmené au bloc avec une demi-heure de retard donc l’intervention avait commencé à peine une heure et demie plus tôt.

L’accueil a été chaleureux, mais rapide. On m’a donné une blouse et un nécessaire de nettoyage pour bien nettoyer mes parties génitales et les rendre aussi stériles que possible (je vous laisse apprécier l’ironie du choix du mot stérile pour l’occasion). L’entrée dans le bloc opératoire se fait debout, et on va s’asseoir dans un siège qui tient un peu du siège de dentiste qu’on va pouvoir passer en mode couché.

L’intervention en elle-même a duré vingt minutes. J’ai été très bien encadré par le personnel du service qui était pour le coup entièrement féminin. Un accueil détendu et chaleureux, vraiment rassurant. C’est un moment assez unique dans une vie d’être recouvert d’un champ stérile de la tête au pied avec juste un carré ouvert sur mes parties génitales à l’air libre. Discuter avec elles et échanger des blagues dans ce contexte, ça restera un souvenir gravé dans ma mémoire et je dois admettre qu’elles ont un talent incroyable pour ne pas ajouter de gêne à la situation.

Elles m’ont expliqué à chaque étape ce qu’elles allaient faire en détail, ce qui permet d’appréhender chaque moment sans surprise. Au niveau du déroulement et des sensations, c’était conforme à mes attentes.

L’intervention globale est réalisée comme deux interventions séparées, chaque testicule à tour de rôle.

Il y a d’abord la palpation pour trouver le canal déférent, comme lors de la consultation. L’injection de l’anesthésiant est pratiquement indolore.

Pendant l’intervention, je n’ai pas réellement ressenti de douleur, mais une gêne qui reste malgré tout totalement supportable. C’est principalement désagréable lorsqu’on cherche à nouveau le canal déférent cette fois à l’air libre, mais c’est très bref et toujours indolore. On a juste conscience du geste pratiqué et le cerveau tente de faire le lien entre la sensation et la réalité. Tout comme au moment des sutures où on sent qu’on tend la peau de la bourse par la traction appliquée sur les zones avoisinantes non anesthésiées, mais toujours sans douleur.

J’ai juste eu un mauvais moment (qui ne fait pas partie du protocole normal du tout) quand le bistouri électrique qui est utilisé pour faciliter la coagulation si j’ai bien compris a été trop proche d’un nerf. Là, j’avoue, c’était vraiment douloureux, le temps d’un éclair. Une sensation fulgurante d’écrasement du nerf qui s’estompe en une fraction de seconde, mais très intense. L’urologue a été très surprise et s’est excusée, car c’est apparemment très rare.

J’aurais donc deux cicatrices ; une de chaque côté, avec des points de suture. On m’a mis un gel pour protéger les plaies et des pansements que je devais laisser en place jusqu’à ce qu’ils tombent d’eux même plus ou moins une semaine plus tard. J’avais le droit de prendre des douches, mais pas de m’immerger, donc pas de bain ou piscine pendant deux semaines.

Une fois l’intervention terminée, on quitte de nouveau le bloc en marchant. Cela donne une bonne idée de la non-invasivité du protocole, même si on ne le fait pas en moonwalk, mais plutôt avec une démarche précautionneuse aux jambes arquées.

Dans ma chambre, je me suis senti épuisé. Même si je n’étais pas stressé, mon corps était en tension pendant l’intervention (sans mauvais jeu de mots, je peux vous assurer que la zone était tout sauf tendue à ce moment précis). Quand je suis retourné dans ma chambre, je me suis donc allongé et j’ai fermé les yeux, pendant un bon quart d’heure, je pense. Ensuite, j’ai pu aller à la salle de bain pour nettoyer les traces d’Iso-bétadine sur mes jambes et mes parties génitales, me rhabiller et prendre congé du service.

Petit détour par la pharmacie pour aller récupérer les antidouleurs et anti-inflammatoire qui m’ont été prescrits et que je vais devoir prendre pendant trois ou quatre jours. On m’a dit que la douleur devrait être supportable et que mis à part ma démarche précautionneuse, il ne devrait pas y avoir de souci.

Seule ombre au tableau, mon magnifique t-shirt n’a pas été remarqué par l’assistante qui m’a accueilli et il est passé inaperçu vu que je me suis retrouvé rapidement en blouse. Par contre, j’ai été félicité pour mon rasage de près !

L’infirmière qui m’a donné l’autorisation de partir m’a demandé à plusieurs reprises si je désirais un antidouleur et si la douleur était supportable. Jusque là en tout cas, elle l’était toujours.

Je suis rentré me poser dans mon canapé, manger un bout, et me reposer. Ce n’était pas une intervention très invasive, très compliquée ou douloureuse, cela reste un petit choc à gérer, mais sans trop de difficultés. À H+1, j’étais toujours entièrement satisfait de ma décision. Les 20 minutes d’inconfort seraient vite compensées par la liberté et l’absence de risque pour les années à venir.